Que vous soyez membre ou autre, Visitez OFFICE DE CONSTRICTION BÂTIMENT à Jacmel . Plus de centaine et des milliers de visiteurs provenant de plus en Haiti ont fait confiance à nous. Qui dit OFFICE DE CONSTRICTION BÂTIMENT dit la confiance et la Crédibilité.

www.Officewebsite.fr.gd
 

 Haïti: La vie rurale à Haut Cap Rouge
 

Ah, les sympathiques habitants du Haut Cap Rouge m’auront souvent vue circuler dans leur bourg en compagnie de visiteurs belges, cette année. C’est en effet la région choisie par Broederlijk Delen pour représenter la réalité rurale haïtienne, dans le cadre de sa grande campagne de carême consacrée à Haïti en 2008. La préparation d’une telle campagne dure près d’une année, d’où la venue de différentes équipes belges sur l’île, en 2007, l’une pour tourner un documentaire filmé et photographié, l’autre pour écrire sur la vie paysanne, d’autres encore pour faire l’expérience de la vie quotidienne rurale en divers lieux et en diverses saisons,… toutes dans le but de rapporter des témoignages en Belgique sur les problèmes mais aussi sur les potentialités d’Haïti.

En tant que coopérante de Broederlijk Delen, je me plais à accompagner ces équipes sur le terrain, comme interprète et guide. Presque partout où nous passons, les Haïtiens nous réservent un accueil bienveillant, curieux, ouvert, favorable à la forme de ‘tourisme alternatif’ (logement et partage d’activités chez l’habitant) que nous pratiquons. L’objectif des voyages est bien perçu localement aussi, les échanges s’ensuivent d’autant plus sainement. Ces séjours à la campagne, en compagnie de compatriotes qui n’ont jamais foulé le sol haïtien auparavant, me permettent aussi de relativiser un peu ma propre réalité et mon travail à SAKS.

3ème section de la commune de Caye-Jacmel dans le Département du Sud-Est, Haut Cap Rouge s’étend sur une superficie de 12.53 km2. Le bourg repose sur un plateau situé à 820 mètres d’altitude. Distance par rapport à Jacmel : 7 km. Distance par rapport à Caye-Jacmel : 22 km par route ou 7 km à pied (chemins de traverse).
La population cap-rougeoise compte environ 17000 habitants répartis en 43 quartiers. Un quartier est une subdivision administrative de la section communale, pouvant regrouper plusieurs localités rurales (le concept de quartier rural équivaut au concept de bloc urbain). 54 habitations couvrent Haut et Bas Cap-Rouge (l’habitation coutumière correspond à un ancien domaine colonial, portant souvent le nom de l’ancien colon propriétaire terrien ; parfois une habitation peut être plus large que la section communale mais, à Cap Rouge, il s’agit de plus petites habitations).

La population de Cap Rouge est exclusivement paysanne (agriculteurs + éleveurs), jeune à 60% (la notion haïtienne de ‘jeunes’ comprend les enfants célibataires qui vivent chez leurs parents, quel que soit l’âge). Pour la section communale, on compte une école nationale, 4 écoles presbytérales, plus de 13 écoles privées et 5 centres préscolaires. Seulement 4 écoles secondaires atteignent la 9è année fondamentale (équivalant à la 3è humanité), qui constitue le plus haut niveau proposé dans la région (les enfants qui veulent monter dans les classes supérieures doivent se rendre à Jacmel). Beaucoup de paysans combinent leurs activités agricoles avec un autre petit métier qu’ils assurent localement, afin de joindre les deux bouts et payer les dépenses de la famille. Aux heures où ils ne travaillent pas dans les champs ou à la ferme, ils sont ainsi menuisiers, électriciens, marchands, chauffeurs, professeurs, couturiers, boulangers, etc. au service de leur communauté.

Les paysans de Cap Rouge vivent sous un climat tempéré. Ils cultivent à petite échelle le café, le cacao, les vivres, les féculents, les fruits et les légumes, tels que l’igname, la banane, la patate, l’arbre véritable, le manioc, les haricots, les pois, le maïs, le chou, le poivron, l’aubergine, l’avocat, la canne à sucre, les fruits tropicaux,… Ils élèvent le bétail, la volaille, les chèvres, les cochons, avec grand soin. Les bêtes sont toujours attachées aux arbres ou parquées dans des enclos à ciel ouvert et, là où elles paissent, les paysans récupèrent les excréments pour en faire de l’engrais organique - une technique rarement utilisée en Haïti. Malgré les bonnes récoltes (qualité de la terre et techniques de culture empiriques), la distribution pose problème. Les deux petits marchés locaux de Canyette et Vergeon ne permettent pas aux paysans d’écouler leur production. L’unique route qui relie Cap Rouge à Jacmel n’est pratiquement pas carrossable, seules les taxis-motos tous terrains, les gros camions ou les puissants 4x4 y accèdent. Les paysans, eux, circulent à pied, à cheval, à dos d’âne et de mulet, quelquefois à vélo. Les acheteurs intermédiaires (Madan Sara), qui font le négoce local et contrôlent la revente des produits agricoles dans la région, dupent toujours les paysans sur les prix mais les paysans n’ont pas vraiment d’autre choix parce qu’ils ne possèdent pas de propres moyens de transport motorisés.
A noter une autre production et consommation locale typique datant de l’époque précolombienne, qui ne se vend pas facilement mais qu’on rencontre très rarement de nos jours : le Roucou, un arbre qui donne des grappes de fleurs piquantes rouges et à l’intérieur des gousses, des graines rouges parfumées. Une fois les cosses évidées, on utilise les graines rougeâtres pour faire de l’huile comestible (coloration naturelle des repas et effet apaisant sur la tension) et de l’huile cosmétique (pour protéger la peau contre le soleil – c’est d’ailleurs pourquoi les Indigènes avaient la peau ‘rouge’).

Les infrastructures sanitaires font défaut. Il y a un dispensaire qui fonctionne mal et rend peu de services à la population parce qu’il n’est pas équipé et le docteur n’y est pas régulièrement présent. Quand il y a urgence, il vaut mieux affréter une taxi-moto pour descendre rapidement à l’hôpital de Jacmel. Sinon, on a recours aux docteurs-feuilles (rebouteux) locaux.
Au niveau de l’eau, c’est l’ingéniosité des habitants qui leur permet de ne jamais en manquer : chaque maison est pourvue d’une immense citerne bétonnée qui se remplit avec l’eau de pluie - heureusement il pleut souvent. Il n’y a ni captage ni fontaine collectifs. La seule source qui pouvait alimenter Cap Rouge et même une partie de Jacmel, jusque dans les années ’80, est tarie à cause de l’érosion et du déboisement. Pour trouver une source, il faut maintenant se rendre à pied (plus de 2 heures de marche) dans d’autres sections communales comme Bas Cap Rouge, Michineau, Ravine-au-Morne, Cochon-Gras.
La terre, de couleur très rouge (d’où probablement le nom de Cap Rouge), contient du fer, de la bauxite et on dit même de l’uranium.

Les habitants de Cap Rouge sont très accueillants et hospitaliers. Ils n’hésitent pas à vous offrir une délicieuse tasse de café ou un verre d’eau fraîchement filtrée (leur or blanc !) quand vous passez chez eux. Le climat agréable de Cap Rouge attire les visiteurs. Deux sites touristiques méritent d’être promus : la grotte L’Eglise localisée sur l’habitation Jeanty, quartier La Source, et le vieux Fort militaire Ogé (construit sous Dessalines) situé sur le promontoire de Bas Cap Rouge et qui domine la baie de Jacmel.

4 églises catholiques (dont une, à Vergeon, qui date du début du 19è siècle) et plus de 8 églises protestantes. Il n’y a pas de cimetière communautaire. Chaque famille dédie une parcelle de ses propres terres à ses caveaux, les morts reposant alors à proximité des maisons des vivants. Parmi les notables de la section, on a les directeurs et professeurs d’école, les représentants religieux ainsi que les chefs vodouisants, les docteurs-feuilles, les matrones et les ‘sages-hommes’. Il n’y a pas de police ni d’autorité administrative sur place, les plus proches sont cantonnés à Caye-Jacmel. Phénomène conjoncturel : en cas de crime, la police haïtienne ne se déplace plus sans l’autorisation et/ou l’accompagnement de la Minustah (militaires onusiens) et c’est l’appelant qui doit payer les frais de déplacement de la police sur le lieu du crime. L’autorité administrative CASEC (Conseil d’Administration de la Section Communale) n’a pas de bureau à Cap Rouge et n’y monte pas souvent alors que c’est son lieu de travail. C’est ce qui explique que lorsqu’un délit ou un crime est commis à Cap Rouge, la population a tendance à faire justice elle-même (illégal mais légitimé en pratique). De même, le droit coutumier domine dans les pratiques de règlements de conflits locaux parce que le tribunal et le juge de paix sont trop éloignés de la zone.
Les autorités nationales et internationales s’intéressent peu à Cap Rouge, si ce n’est à deux occasions :
Il y a une dizaine d’années, le Président René Préval et le Vice-Président américain Al Gore y sont venus faire un discours sur la production du café ‘Haitian Blue’. Depuis lors, la production de ce type de café a fortement chuté. En 2007, l’Ambassadeur de la France est venu poser la première pierre du centre multimédia que la France finance au bénéfice des caféiculteurs qui pourront de cette façon « grâce à la nouvelle technologie, mieux s’informer des cours du café sur le marché mondial ». Néanmoins la production de café reste très faible à Cap Rouge…

Plusieurs organisations locales s’occupent de développer la zone : coopérative des caféiculteurs, association des marchandes, fonds pour le microcrédit, etc. Une laiterie est en construction de même qu’un centre multimédia (télécentre). Mais les paysans se plaignent que les organisations ne travaillent pas toutes de manière égale ni équitable avec et/ou pour la population.
On cite VEDEC (Vivre l’Espoir pour le Développement de Cap Rouge) comme une organisation exemplaire dans les actions qu’elle essaie de mener en faveur des paysans : conscientisation et formation à la production locale (agriculture et élevage), à la consommation locale, à la promotion agricole locale. VEDEC dispose de silos à grains, d’une boutique de matériels et intrants agricoles, d’une cassaverie qui transforme la farine de manioc en galettes – la cassave et le bobori – (sur le modèle de fabrication traditionnelle des indigènes précolombiens) et en petits pains. VEDEC est constitué de plus de 20 groupements qui rassemblent environ 6000 membres. Des agents vétérinaires s’occupent de soigner le cheptel des membres de l’organisation et de gérer les échanges de bêtes appartenant aux membres de l’organisation. Il y a une section ‘femmes’ qui est spécialisée dans la transformation du manioc, des fruits et des légumes, en liqueurs, confitures, gelées, pâtisseries diverses. Il y a également une section ‘jeunes’ qui organise les campagnes de sensibilisation et les activités culturelles locales au sein de la communauté et alentours.

CAMPAGNE

Haïti a aussi du talent

Texte de la campagne 2008


De l’enfer et de retour

‘En comparaison avec la capitale Port-au-Prince, Cap Rouge est le paradis’, dit le paysan Joachim Sanon. ‘Il n’y a pas de bruit et qui veut du travail, peut manger. Je n’y retournerai jamais, je ne suis pas fou’.

Joachim habite avec sa femme André-Rose Lycée une petite ferme dans les collines de Cap Rouge, dans la commune de Kay Jacmel, près de la côte sud de Haïti. Ils ont quatre enfants. Jodel Archange (10 ans), Rose Hermith (6 ans) et Frantz Cadet (3 ans) habitent à la maison. Méliza (7 ans) habite chez sa marraine. André-Rose est enseignante dans l’école primaire de Cap Rouge. Les cours n’ont lieu que le matin. L’après-midi,  elle travaille comme paysanne. La famille est membre de VEDEK, une organisation paysanne spécialisée en formations en techniques agricoles, qui prend aussi des initiatives pour améliorer le revenu et la qualité de vie des ménages. Joachim est trésorier de VEDEK.

Les projets qu’il avait quand il était  jeune étaient complètement différents. En 1981, il était parti à Port-au-Prince pour étudier l’électronique et était déterminé à ne plus jamais retourner à la campagne. Un diplôme en poche  lui aurait permis de mener une belle vie en ville. ‘La première confrontation avec Port-au-Prince fut un choc’, raconte-t-il. ‘Je logeais chez des connaissances de ma mère. Nous étions seize dans une maison et avions faim tous les jours. Parfois, je retournais chez moi à la campagne pour chercher de la nourriture pour pouvoir continuer quelques jours de plus’. Il ne pensa pas à renoncer: ‘Tu te raidis. Tu veux prouver que tu peux quand même survivre dans la ville. J’emménageai dans la maison d’un copain et alors, ça alla un petit peu. J’étudiais et je travaillais en même temps. Après d’avoir obtenu mon diplôme en 1985, je pu commencer dans une usine de pièces électroniques, un emploi mal payé.’

À cette époque-là, il déménage de nouveau, cette fois-ci à Cité Soleil, le grand bidonville de Port-au-Prince. Joachim garde de mauvais souvenirs des six ans qu’il vécu là-bas : « Seuls des animaux peuvent vivre là. Des moustiques et des rats. On y habite l’un sur l’autre ; ça pue terriblement ; l’eau est polluée, Il y a la misère et un grand manque d’hygiène… Mais ma réaction fut de nouveau de résister. Je voulais réussir. Je ne voulais pas tomber en chômage et acceptais aussi le travail de nuit. C’était une vie indigne. »

Le coup de grâce arriva le 30 septembre 1991, le jour du coup d’Etat contre le président Aristide. L’usine ferma. ‘Pour moi-même, le coup d’Etat fut au fond une délivrance », dit Joachim : « Après 11 ans de vie urbaine, je décidai de retourner à Cap Rouge chez mes parents et de donner un nouveau départ à ma vie.’


Paysan à Cap Rouge

Mes parents furent heureux de me voir, mais ils n’avaient pas compris que je voulais rester’, sourit Joachim. ‘Même quand j’achetai des cochons, ils pensèrent que c’était pour les manger en ville et pas pour les élever. La première année, je travaillai avec eux à la ferme. Plus tard, ils me donnèrent une partie de leur terrain afin que je puisse commencer ma propre ferme. En 1992, je commençai la culture des bananes. J’achetai 250 souches. Les gens ici pensèrent que j’étais fou parce que je traînais avec moi un bac pour les excréments des animaux, comme fumier pour mes plants de bananes. Plus tard, ils virent les résultats et commencèrent, eux aussi, à utiliser les engrais organiques.’

Joachim devint ainsi pionnier d’introduction de nouvelles techniques agricoles que la plupart des paysans de la région utilisent maintenant. André-Rose et Joachim montrent comment et pourquoi ils attachent leurs cochons à un fil, dans la plantation de bananes. Chaque jour, ils attachent les animaux à un autre plant de banane, de manière que le fumier tombe directement au bon endroit. Dans leur jardin, ils cultivent des yams, des haricots, des légumes et des fruits.
‘Et ainsi, la vie ici à Cap Rouge n’est pas mal’, trouve Joachim. ‘Nous avons une maison. Notre alimentation est abondante et variée. Nous avons une famille. Nous avons pris la responsabilité et nous l’avons reçue.’


Semer le futur

Cette responsabilité dont Joachim parle, a évidemment à voir avec VEDEK (Vive Espoir pour le Développement de Cap Rouge), l’organisation coupole des groupes de paysans de la région. VEDEK a été créée en 1988. Aujourd’hui, VEDEK unit une vingtaine de groupes de paysans répartis sur dix villages. Chaque groupe de paysans se compose de vingt à quarante familles.

Jadis, la région vivait de la culture du café. Mais quand le marché international du café s’effondra, les paysans furent réduits à une amère pauvreté. Pour VEDEK, la priorité fut alors d’inciter les paysans à cultiver de nouveau des aliments. Une formation adaptée fit que les paysans purent remplacer la culture du café par l’agriculture vivrière et que les rendements en riz, manioc, sorgho, légumes, sucre et de l’élevage purent être augmentés et améliorés. Les paysans construisirent des silos pour conserver la nourriture. C’est pourquoi ils peuvent désormais manger toute l’année de leurs propres récoltes.

L’eau était le deuxième grand problème. Grâce à la construction de grands réservoirs d’eau cimentés et fermés où on recueille l’eau de pluie, il y a de l’eau maintenant pour le jardin potager, pour le lavoir et pour le bétail. Il s’agit d’une grande amélioration parce qu’aller chercher l’eau à la source est un travail long et  lourd.

Du fait de la déforestation, l’érosion dans les collines de Cap Rouge est aussi un grand problème. Le sol n’est plus maintenu par un lacis de racines d’arbres, de buissons et d’herbes. C’est pourquoi les collines perdent leurs couches supérieures fertiles et il ne reste que des rochers nus. Une grande attention est donc donnée au reboisement et aux techniques d’agriculture qui protègent les flancs des collines. La construction de terrasses en est une ainsi que la mise en place des plantations sur les courbes de niveau. ‘Mais, selon Joachim, il est au moins aussi important de faire de la culture mixte, de sorte que le sol soit sans cesse couvert de végétation et soit donc maintenu par les racines’. ‘Les chèvres sont aussi un problème. Elles mangent les feuilles des jeunes arbres et ameublissent le sol avec leurs sabots. Une mesure importante est alors de ne plus les laisser aller mais de les attacher à une corde’. Joachim montre sa propre méthode : il garde ses chèvres au sein d’une clôture et cultive leur fourrage sur un champ à part. ‘Comme ça, le flanc de la colline reste en permanence couvert d’herbe et l’érosion n’a plus de chance’.


Les femmes créent l’économie rurale

Depuis peu, VEDEK stimule aussi la vente de produits agricoles manufacturés par les paysans. Ce sont surtout les femmes qui génèrent de cette manière un revenu familial supplémentaire. A Cap Rouge, elles produisent de la liqueur et font des confitures et du beurre de cacahouète. Elles ont aussi une boulangerie. De pareilles initiatives permettent aux les gens de gagner de l’argent pour l’école, la santé ou les produits de ménage.

Quand les femmes peuvent elles-mêmes produire des produits finis et les apporter directement au consommateur, elles créent le début d’un emploi hors de l’agriculture. Si celui-ci peut se développer, la foi dans un futur à la campagne augmente aussi. C’est ce rêve que chérissent André-Rose et Joachim pour leurs enfants. Joachim veut leur épargner l’expérience qu’il a vécue à Port-au-Prince. ‘Je veux qu’ils puissent étudier, mais avec le but de venir travailler à Cap Rouge et  de s’engager ici pour la communauté, ‘ dit-il.  


Les jeunes choisissent la campagne

Ce n’est pas évident. Les jeunes qui ont étudié dans des villes comme Jacmel ou Port-au-Prince, rêvent d’une vie qui est plus que travailler, manger et dormir. Une campagne vivante doit offrir aux jeunes des possibilités de s’épanouir.  C’est pourquoi VEDEK a créé la Commission Jeune, un mouvement pour les jeunes. Ils ont une modeste bibliothèque et un kiosque qui tient lieu de  salle de réunion et de rencontre.
La Commission Jeune a un fonctionnement mixte et est dirigée par Lena Jean-Baptiste, une jeune femme dynamique. C’est important parce que c’est ainsi que le mouvement s’oppose à la position traditionnellement inférieure des femmes dans la société haïtienne.
Le mouvement de jeunesse se situe à la même hauteur que d’autres commissions qui gèrent chacune une partie du fonctionnement de VEDEK. Ainsi les jeunes peuvent participer à part entière aux nouvelles initiatives. Ils croient qu’il peut y avoir ici une économie rurale qui offre plus de perspectives que la vie dans les bidonvilles urbains.


Le miracle d’Haïti

‘C’est un paradoxe que, dans notre pays, nous avons un état central qui n’a jamais pris sa responsabilité alors qu’à la base, les paysans se sont toujours organisés pour travailler ensemble à une meilleure vie. Selon moi, la population de la campagne a réalisé un miracle en continuant à travailler pendant toutes ces années turbulentes, en continuant à produire, à lutter pour la préservation de l’agriculture familiale et la propre culture. VEDEK à Cap Rouge en est un exemple admirable.’ Ainsi parle Camille Chalmers, socio-économiste, professeur à l’Université de l’état d’Haïti, et surtout aussi coordinateur de PAPDA (Plate-Forme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif), une organisation partenaire de Broederlijk Delen. PAPDA est une coalition d’organisations et de mouvements sociaux de développement.

PAPDA accompagne VEDEK comme projet pilote. Elle s’occupe des formations et de l’accompagnement des initiatives. Des femmes qui veulent commencer avec l’élevage des chèvres peuvent s’adresser à PAPDA. Elles reçoivent alors une chèvre en prêt. Elles la remboursent plus tard avec de jeunes chèvres, qui à leur tour peuvent être prêtées à des familles. De la même façon, les femmes peuvent obtenir des poules pondeuses ou des coqs pour commencer la production d’œufs ou un élevage de poules pondeuses.  


Les projets émanant des groupes de gens

Permettre aux groupes de gens de mettre en oeuvre leurs propres projets de lutte contre la pauvreté et l’injustice… D’après Camille Chalmers, l’approche typique de Broederlijk Delen correspond parfaitement avec les méthodes de travail de PAPDA: ‘Les véritables acteurs clés sont les groupes à la base : les groupes de femmes, les groupes syndicaux, les communautés locales. Ce sont eux qui inventent ces nouvelles formules de développement. Le développement durable devient réalité quand on prend vraiment en considération les projets personnels des individus.


Souveraineté alimentaire

Le programme de souveraineté alimentaire joue un rôle central dans le fonctionnement de PAPDA : le droit pour les pays de mener leur propre politique agricole et de protéger leur propre production alimentaire afin que les paysans puissent nourrir leur population et ne doivent pas vivre de l’importation. Ce thème est vraiment actuel en Haïti. Depuis 1996, le pays est la victime d’une libéralisation brutale. En contrepartie d’une remise de la dette extérieure, le FMI (Fonds monétaire international) et la Banque mondiale ont exigé d’Haïti qu’il ouvre son marché. Les tarifs douaniers pour les cultures vivrières stratégiques comme le maïs et le riz chutèrent de 50% à 3% et à 0% pour les autres produits agricoles. Les excédents agricoles à bas prix du marché international – surtout des Etats-Unis - envahissent le pays.

‘Les conséquences sont extrêmement graves’, explique Camille Chalmers. ‘Ces huit dernières années, 830.000 emplois ont été supprimés dans les quatre secteurs agricoles principaux en Haïti, à savoir la production de sucre, de riz, de poulets et d’oeufs. En d’autres termes, cent mille personnes par an perdent leurs moyens de subsistance. De nos jours, la culture du riz occupe encore 90.000 personnes. Si rien ne change au niveau politique, nous pouvons avancer avec certitude qu’elles disparaîtront elles aussi du marché.’

Entretemps, la capitale, Port-au-Prince, ne cesse pas de croître. Les bidonvilles autour de la capitale s’étendent jusqu’aux cités voisines de Delmas, Carrefour et Fond-Parisien. Cette agglomération compte entre 2,5 et 3 millions d’habitants, soit un tiers de la population totale. ‘Les gens parlent souvent de la ‘république de Port-au-Prince’ parce que la politique des gouvernements successifs se concentrait uniquement sur la capitale et négligeait la campagne, poursuit Camille. ‘Les bidonvilles sont la conséquence de cette mauvaise gestion.’


Le manioc contre le blé

Aujourd’hui, les habitants de Cap Rouge subissent aussi la concurrence de la nourriture importée. Le manioc est une plante traditionnelle qui pousse bien en terrain vallonné. La consommation en a toutefois diminuée. Le pain cuit avec du blé bon marché en provenance des Etats-Unis le remplace.
Les Haïtiens aspirent cependant à reconquérir une partie du marché alimentaire intérieur. Pas avec du blé car cette plante ne pousse pas dans cette région tropicale mais avec du manioc. 2007 a été une année importante pour VEDEK à cet égard. Les paysans ont ouvert solennellement au mois d’avril leur propre cassaverie, un bâtiment comprenant un moulin à manioc, un atelier et un magasin. A côté, ils ont installé un grand réservoir pour collecter l’eau de pluie et pour laver les racines de manioc livrées. La cassaverie achète des racines de manioc et les transforme en farine de manioc (cassave). La farine est emballée dans des sachets étiquetés et est vendue.

Les avantages sont évidents. La farine de manioc emballée est bien plus pratique à transporter sur les chemins en mauvais état. Les paysans espèrent surtout que leur farine sera achetée par les boulangeries, où le pain est devenu populaire. En effet, le pain peut également être obtenu en mélangeant la farine de manioc avec la farine de blé importée. Si un produit local remplaçait une partie du blé, les revenus pourraient connaître une véritable hausse.

Près de cent paysans sont affiliés à la cassaverie. Ils peuvent acheter des semences grâce à un prêt de lancement. Au moment de la récolte, ils remboursent l’emprunt en nature. La cassaverie achète également du manioc à des paysans qui ne sont pas membres. Les gens sont ainsi encouragés à planter plus de manioc. A la fin de l’année, la cassaverie garde une partie des bénéfices en vue de nouveaux investissements et fonds de roulement. Elle verse le reste aux membres.

A partir du moment où la cassaverie a atteint son rythme de croisière, les paysans souhaitent y vendre d’autres produits agricoles : aubergines, choux, haricots, poivrons, etc. Ce n’est toutefois qu’un début. Le véritable défi consiste à augmenter la production et à élargir le marché aux villes proches de Jacmel et par après de Port-au-Prince.

Le mauvais état des routes constitue aujourd’hui un véritable obstacle. De plus, tout le commerce intermédiaire est aux mains d’acheteurs qui encaissent la moitié des bénéfices. Avec les autres paysans de VEDEK, Joachim et André-Rose rêvent du jour où les habitants de Cap Rouge pourront braver les mauvaises routes avec un camion loué et vendre eux-mêmes leur récolte en ville : ‘Si tu disposes des moyens de transport, tu peux vendre la récolte à plusieurs mais aussi acheter des marchandises à plusieurs. C’est plus avantageux.’


Dans leurs propres mains

Pour Camille Chalmers, ce que les paysans de Cap Rouge réalisent illustre parfaitement le message de PAPDA : ‘les paysans en tant que personnages clé du développement rural’. ‘Ces paysans se trouvent maintenant à un moment intéressant du développement de leur région’, affirme le coordinateur de PAPDA, ‘à savoir la transition d’une agriculture alimentaire pour la consommation propre à une production agricole pour le traitement et la vente sur le marché intérieur. Ils doivent s’organiser dans ce sens, suivre une formation, augmenter leur production, veiller à la qualité et gérer eux-mêmes le circuit commercial jusqu’au consommateur final. Voilà la nouvelle logique que les paysans doivent acquérir.’
‘Les organisations paysannes doivent y arriver elles-mêmes. Malheureusement, l’Etat ne mène aucune politique qui stimule la production agricole. La situation doit aussi changer à ce niveau. Une de nos missions est justement de permettre aux gens à la base de comprendre les thèmes abordés par la politique nationale, d’exprimer leur avis et de faire entendre leur voix. Il nous incombe en outre d’assurer que les politiciens respectent leurs choix.’


Une voix plus forte pour les paysans

Avec l’aide de toutes ses organisations membres, PAPDA maintient la pression sur le monde politique. Elle soutient et renforce les mouvements à la base dans leurs négociations avec les autorités sur les plans local et national. Elle suit de près les discussions au sujet des traités commerciaux internationaux. Elle effectue un travail de lobbying au sein de réseaux internationaux et participe à des réunions telles que le Forum Social Mondial. Grâce à PAPDA, les paysans ont aussi leur mot à dire dans le travail de lobbying de Broederlijk Delen et dans des réseaux tels que la Coordination Europe-Haïti, organe qui plaide largement en faveur des O.N.G. haïtiennes auprès de l’Union européenne.
‘Dans l’attente d’une meilleure politique, les paysans réalisent eux-mêmes ce qui est possible’, déclare Camille Chalmers. ‘Haïti a un avenir, nous en sommes persuadés. De nombreuses barrières doivent tomber mais nos atouts sont la créativité de la population rurale de l’île ainsi que la culture unique de coopération. Nous persévérons et avons espoir.’


Van karèm: l’espoir renaît à chaque fois

 
Au printemps, un vent sec et fort souffle en Haïti. Le van karèm, le ‘vent du carême’, est idéal pour les enfants et leurs cerfs-volants construits de toute pièce. On en voit partout, en ville et à la campagne, jusque Pâques. Les Haïtiens n’y donnent pas un sens supplémentaire. Mais pour le visiteur européen qui voit comment les gens prennent, chaque jour, leur courage en mains et se mettent au labeur dans un pays dévasté, ces cerfs-volants démontrent de manière colorée que la souffrance et l’esclavage ne viendront pas à bout de l’espoir de résurrection.

‘La joie de vivre et l’espoir d’une existence meilleure sont ancrés dans la culture haïtienne,’ dit William Smarth, théologien et prêtre dans la ville des Cayes. ‘En Haïti, le thème de la vie fait partie intégrante du folklore et de la culture. Les Haïtiens aiment la vie mais ils se heurtent à de nombreux obstacles. Il nous incombe de les balayer et de collaborer au Royaume de Dieu, à un avenir de paix et de justice. Les années précédentes, nous avons compris que le progrès n’était pas qu’une question de développement mais aussi de libération des structures d’oppression. Le peuple haïtien est en mesure de bâtir du neuf à partir des ruines du passé.’


L’histoire continue

L’image des cerfs-volants nous poursuit. Elle évoque en nous la liberté, un avenir choisi, les plans établis par des groupes d’individus contre la pauvreté et l’injustice. Elle nous met au défi de faire également souffler ce vent de carême en Flandre et de construire une image d’avenir dont la solidarité et le partenariat sont les maîtres mots.
Ce n’est pas une vision idyllique mais un futur qui devient chaque jour un peu plus réalité grâce à André-Rose, Joachim, VEDEK et les nombreuses organisations paysannes. Nous sommes fiers que ces personnes nous appellent leur ‘partenaire’. Autrement dit, en soutenant leurs propres projets, nous sommes des acteurs de leur histoire. Nous invitons tout le monde à s’impliquer dans la suite du projet. Tout sur jacmel ranseignements 
 

Notre mission

Une propre spiritualité

Le temps était venu, et cela pour de nombreuses raisons, de reparler de la spiritualité en générale et de la spiritualité chrétienne dans le cadre du travail de solidarité de Broederlijk Delen. Réflexions furent faites et discussions eurent lieu sur la signification, la place et la manière dont la spiritualité se rend visible dans l’organisation et comment elle peut le devenir encore plus. Fin 2001, un groupe de réflexion a été formé chez Broederlijk Delen, avec pour but de faire une première proposition de texte. Au printemps 2002, Vice Versa a été organisé et fin novembre 2002, un premier document a été étudié lors de l’Assemblée Générale. Ce texte a ensuite été envoyé à des collaborateurs, à quelques partenaires du Sud et à certaines personnes intéressées. Sur base de ce texte-là, un nouveau texte a été écrit et celui-ci a été approuvé par l’Assemblée Générale le 22 novembre 2003 comme document de référence.Nous considérons cette note comme une invitation à plus de dialogues. Une invitation pour réfléchir en groupes à la dimension spirituelle de notre dévouement et de notre solidarité. Nous voyons cette note aussi comme un point de départ possible pour discuter, avec des partenaires du Sud, de la place de la spiritualité dans la vie de tous les jours, ici et là-bas. Pour nous, ce texte est un document dynamique. Toutes vos réactions et ajouts sont les bienvenus chez Lieve De Smet (lieve.desmet@broederlijkdelen.be).

Projet 2010
OFFICE DE CONSTRICTION BÂTIMENT travaillant de concert avec unr colonne professionnel de qualité. Nous a la recherche des volontaires qui veulent construire , il aurait besoin des equipements nécessaire aussi , il s'agit d'avoir une bonne volonté, être capable de vivre en collectivité.

Vous désirez vous rendre utiles,voulez apporter un plus dans l’humanitaire et découvrir d’autres cieux, n’hésitez pas à nous joindre sur notre e-mail: ujdlinfo@yahoo.fr téléphone 50937062583


Nous vous prions de faire connaitre notre projet autour de vous merci.
Copyright: 2007-2018 Ce site web a été créé gratuitement avec Ma-page.fr. Tu veux aussi ton propre site web ?
S'inscrire gratuitement